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Panorama approfondi des registres d’entreprises : le RNE face aux référentiels internationaux

Dans un contexte économique où la transparence et la fiabilité des données d’entreprise constituent des atouts stratégiques, la mise en place et la tenue de registres nationaux se révèlent essentielles pour les parties prenantes, qu’il s’agisse des autorités publiques, des partenaires financiers ou des clients. En France, le Registre National des Entreprises (RNE) occupe une place centrale, servant de socle pour de nombreux processus administratifs et commerciaux. Parallèlement, plusieurs pays européens et extra-européens ont développé des systèmes comparables, parfois plus ou moins digitalisés ou ouverts. Comprendre les spécificités, les convergences et les écarts entre ces référentiels est indispensable pour tout professionnel souhaitant piloter efficacement une activité à l’international.

À travers cet article, nous proposons une analyse approfondie des caractéristiques du RNE versus celles des principaux registres étrangers : du Royaume-Uni à l’Allemagne, en passant par l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas, l’Espagne et les États-Unis. Nous mettrons en parallèle les critères d’accessibilité, de coûts, de qualité de l’information, de digitalisation et de sécurité juridique, avant de formuler des recommandations pratiques à destination des juristes d’affaires, experts-comptables, directions financières et responsables conformité. Cette comparaison vise également à dégager des bonnes pratiques transversales susceptibles d’inspirer les évolutions futures du RNE dans un cadre européen en pleine mutation.

Notre approche méthodologique repose sur la sélection de registres représentatifs pour leur taille, leur degré de maturité numérique et leur portée géographique. Nous avons retenu, outre le RNE français, Companies House (UK), le Handelsregister et Unternehmensregister (DE), le Registro delle Imprese (IT), la BCE/KBO (BE), la Kamer van Koophandel (NL), le Registro Público Mercantil (ES) et enfin le Delaware Division of Corporations et la base SEC EDGAR (US). Les critères d’analyse incluent l’étendue des données collectées, les modalités d’accès (open data, API), le coût de consultation et d’inscription, les délais de mise à jour, le niveau de digitalisation, mais aussi l’interopérabilité et les usages métiers. Nous préciserons enfin les limites de notre étude, liées notamment aux disparités réglementaires et aux évolutions législatives récentes.

Rappel historique et cadre légal du Registre National des Entreprises

Origines et textes fondateurs

Le RNE trouve ses racines dans la création, au début des années 1970, du système Sirene, géré par l’INSEE, avec pour mission de doter chaque entreprise d’un identifiant unique (le SIREN). Initialement conçu pour des besoins purement statistiques et fiscaux, ce répertoire s’est progressivement enrichi pour devenir un outil central de suivi de la vie des sociétés. La loi du 24 juillet 1966 relative au statut de la femme mariée, puis les différentes ordonnances et décrets successifs, ont élargi le périmètre des informations à collecter, jusqu’à l’instauration du « guichet unique » prévu par le décret du 30 décembre 2021, visant à simplifier l’ensemble des formalités d’immatriculation.

Évolutions et réformes majeures

Au fil des décennies, plusieurs réformes ont marqué l’évolution du RNE : la transposition de directives européennes sur la lutte contre le blanchiment d’argent a conduit à l’intégration du registre des bénéficiaires effectifs dès 2017 , l’effort de modernisation du greffe des tribunaux de commerce a accéléré l’émergence du portail infogreffe.fr, interface principale de consultation , enfin, le projet de portail unique des formalités d’entreprise, entré en vigueur partiellement en 2022, vise à mutualiser les interactions entre INSEE, INPI, services fiscaux et greffes. Ces évolutions législatives et techniques témoignent de la volonté progressive d’améliorer la fluidité et la fiabilité des échanges d’informations entre acteurs publics et privés.

Structure, gouvernance et processus d’alimentation

Acteurs clés et répartition des responsabilités

Le RNE est co-piloté par l’INSEE, responsable de l’attribution des identifiants SIREN/SIRET, et les greffes des tribunaux de commerce, chargés de la tenue des informations juridiques et financières. L’INPI intervient pour la propriété intellectuelle et la diffusion des actes, tandis que la DGFiP fournit les données fiscales validées. Cette architecture multi-acteurs garantit une couverture exhaustive mais implique une coordination complexe, notamment pour la consolidation et la validation des informations transmises par les entreprises et leurs représentants légaux.

Mécanismes de mise à jour et interconnexions

Les mises à jour s’opèrent via deux voies principales : les déclarations obligatoires des entreprises (création, modification, radiation), réalisées en ligne ou par formulaires papier, et les flux automatisés remontés par l’INPI et la DGFiP. Les informations sont ensuite synchronisées avec la base Sirene et publiées, après contrôle, dans le BODACC (Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales). Malgré ces interconnexions avancées, on constate parfois des délais de latence allant de deux à quatre semaines entre la réception d’un acte et sa publication effective sur le portail infogreffe.

Contenu, procédures d’inscription et forces du RNE

Données enregistrées et interopérabilité

Le RNE recense obligatoirement l’identité juridique (forme sociale, capital, siège, objets sociaux), les dirigeants et mandataires, les codes NAF et, pour certaines entités, les comptes annuels ou bilans simplifiés. Le lien avec Sirene permet d’assigner un SIREN unique à chaque entité, tandis que l’interface avec le BODACC assure la traçabilité des actes. Toutefois, ces données restent majoritairement accessibles via une interface web non standardisée, sans flux massifs en XBRL ou API ouvertes, ce qui freine parfois l’exploitation automatique par des solutions tierces.

Procédures et délais légaux

Pour toute création, modification ou radiation, l’entreprise dispose d’un délai légal de 30 jours francs pour déposer ses actes au greffe. En cas de retard, des sanctions financières peuvent être appliquées, allant jusqu’à 1 500 euros pour infraction de nature civile. Malgré ce dispositif coercitif, on observe régulièrement des délais de traitement variables selon les greffes, certains tribunaux de commerce desservant des territoires plus chargés pouvant mettre jusqu’à six semaines pour intégrer des informations complexes (transfert de siège social international, apports en nature, etc.).

Atouts et limites

Points forts : couverture géographique exhaustive, interconnexion Sirene-Bodacc, référence légale incontestée en France, gage de fiabilité pour les tiers. Limites : ergonomie perfectible du portail infogreffe, absence d’API publiques robustes, délais de mise à jour parfois longs, données financières limitées à un résumé de comptes pour les petites structures.

Aperçu des registres d’entreprise à l’étranger

Companies House (Royaume-Uni)

Companies House, gérée par le Department for Business, Energy &, Industrial Strategy, est réputée pour son budget minimaliste et sa large offre en open data. Les dépôts annuels de comptes et des déclarations de bénéficiaires effectifs y sont gratuits pour consultation en ligne, tandis que des services payants (historique complet, exports CSV) sont proposés à faible coût. L’interface GOV.UK intègre l’e-filing complet, le dépôt de documents numériques, et une API RESTful permettant l’accès automatisé aux données. Les délais de publication sont extrêmement courts, souvent inférieurs à 24 heures pour une modification statutaire.

Handelsregister et Unternehmensregister (Allemagne)

En Allemagne, le Handelsregister (registre des commerçants) et l’Unternehmensregister (registre centralisé) fonctionnent en tandem. Les greffes locales (Amtsgericht) gèrent l’inscription initiale, puis transmettent les données à Berlin pour publication dans l’Unternehmensregister. Les informations de base (raison sociale, gérants, siège) sont gratuites, mais la consultation des documents originaux, des comptes annuels et du rapport de gestion nécessite un abonnement ou un achat à l’acte. Les délais de transcription sont réglementés mais peuvent atteindre deux à trois semaines, en particulier dans les Länder à forte activité économique.

Registro delle Imprese (Italie)

Le Registro delle Imprese, administré par les Chambres de commerce locales et coordonné par InfoCamere, propose un guichet unique numérique pour l’inscription et la consultation. Les données statutaires sont accessibles gratuitement, tandis que les bilans détaillés, rapports d’audit et déclarations de filiations exigent le paiement de droits modulés selon le type de document. L’API « Registro Imprese Data » offre un accès programmatique en REST et SOAP, largement utilisé par les prestataires de données financières. Les délais de mise à jour sont généralement inférieurs à 10 jours ouvrés.

Belgian Crossroads Bank for Enterprises – BCE/KBO (Belgique)

La Banque Carrefour des Entreprises (BCE) centralise les informations légales, fiscales et de sécurité sociale pour toute entité exerçant en Belgique. Administrée par le SPF Économie, elle fournit des open data quotidiennes en formats CSV, XML et JSON. Les données essentielles (identité, activité, dirigeants) sont téléchargeables sans frais, tandis que les documents plus complexes (contrats de nomination, bilans) sont pris en charge par des tiers agréés ou via moniteur belge payant. Les délais de mise à jour sont de l’ordre de 48 heures, assurant une réactivité appréciable pour la due diligence.

Kamer van Koophandel (Pays-Bas)

Le registre néerlandais, géré par la Chambre de commerce aux Pays-Bas, offre une interface e-filing conviviale et un portail API sophistiqué, baptisé KvK Open Data. Les informations de base sont gratuites, et un abonnement permet d’accéder à l’historique complet des dossiers et aux bilans déposés. Les dépôts électroniques sont rapides, souvent validés en moins de 24 heures, grâce à un processus entièrement digitalisé et une signature électronique standardisée. Les retours d’expérience soulignent la qualité ergonomique du site et la clarté des notices explicatives pour les utilisateurs internationaux.

Registro Público Mercantil (Espagne)

En Espagne, les registres provinciaux (Registros Mercantiles) sont fédérés par le Colegio de Registradores, qui propose le portail Mercantile Registry Central Service (SMR). Les données de base sont accessibles gratuitement, mais la délivrance de certificats officiels et la consultation des comptes annuels se font moyennant des frais modérés. Le système e-filing est disponible depuis 2015, avec des délais de traitement oscillant entre trois et dix jours ouvrés selon la province. L’interopérabilité reste perfectible, l’absence d’API uniformisée limitant l’usage en masse par les plateformes tierces.

Delaware Division of Corporations et SEC EDGAR (États-Unis)

Le Delaware est célèbre pour la souplesse de son droit des sociétés et pour la rapidité de ses formalités. La Division of Corporations permet une inscription en ligne quasi instantanée, avec la possibilité d’extraire des copies des statuts et des certificates of good standing en quelques heures. Parallèlement, les entreprises cotées déposent leurs rapports trimestriels et annuels sur la base SEC EDGAR, accessible gratuitement via l’outil EDGAR Online. L’ensemble du dispositif américain offre une granularité exceptionnelle des données financières et opérationnelles, même si l’accès API reste souvent limité à des solutions propriétaires.

Autres registres notables

Pour compléter ce panorama, il convient de mentionner le registre commercial suisse (Zefix), le registre des entreprises chinois (National Enterprise Credit Information Publicity System) et le registre japonais (Houjin Toroku). Chacun présente des spécificités de gouvernance et de transparence, la Chine proposant un système multi-modules moins centralisé, le Japon offrant un service payant pour chaque type de document et la Suisse privilégiant l’interconnexion avec les autorités fiscales cantonales. Ces exemples illustrent la diversité des modèles à l’œuvre dans le monde.

Critères de comparaison et méthodologie d’étude

Sélection des critères clés

Pour mener cette comparaison, nous avons retenu neuf critères principaux : couverture géographique et obligations d’enregistrement, contenu et granularité des données, accessibilité (modèle gratuit vs payant, open data, portails publics, API), coûts (tarifs d’immatriculation, de consultation et d’abonnement), délai de publication et fréquence de mise à jour, niveau de digitalisation (e-filing, signature électronique), sécurité juridique (responsabilité, fiabilité, recours), interopérabilité (XBRL, BRIS, coopération transfrontalière) et enfin les usages métiers (due diligence, scoring bancaire, analyse concurrentielle). Ces critères permettent de dresser un profil complet de chaque registre, en fonction des besoins variés des utilisateurs finaux.

Méthode d’analyse et limites

L’étude s’appuie sur la constitution d’un tableau synthétique comparant le RNE et cinq registres symboliques (UK, DE, IT, BE, NL), pondérant chaque critère en fonction de son importance pour les professionnels (par exemple, l’accessibilité et la fiabilité sont notées plus fortement que la tarification purement marginale). Les sources incluent la documentation officielle, les retours d’expérience d’utilisateurs, des benchmarkings réalisés par des cabinets spécialisés et des entretiens avec des greffiers étrangers. Il convient néanmoins de souligner certaines limites : évolutions législatives post-publication, disparités de traduction des données ou encore différences culturelles dans la déclaration des informations.

Analyse comparative détaillée

Champ d’application et couverture

Le périmètre d’enregistrement varie grandement selon les pays. En France, le RNE couvre automatiquement toutes les formes juridiques assujetties aux greffes (SA, SAS, SARL, associations subventionnées), tandis qu’au Royaume-Uni, seules les sociétés à responsabilité limitée (LTD, PLC) ou les LLP sont obligatoirement inscrites à Companies House, les entreprises individuelles relevant de registres fiscaux distincts. En Allemagne, les filiales de sociétés étrangères doivent s’enregistrer au Handelsregister si leur chiffre d’affaires dépasse un seuil local, alors qu’en Espagne, toute succursale s’inscrit au Registro Mercantil dès que l’activité devient régulière. Ces différences influencent directement la couverture statistique et le niveau de transparence des données disponibles.

Données collectées et qualité de l’information

Sur la volumétrie et la profondeur des informations, le SEC EDGAR américain reste la référence absolue, avec la communication de comptes audités, de rapport de gestion et de messages aux actionnaires. Companies House se positionne en leader européen en matière de mise à disposition gratuite des comptes annuels, tandis que le RNE propose un compromis via les bilans simplifiés et le lien avec Sirene-Bodacc. L’Italie se distingue par l’obligation de déposer le rapport des commissaires aux comptes pour certaines catégories de sociétés, garantissant un niveau de contrôle supérieur. La Belgique et les Pays-Bas, via leurs services open data, fournissent des fichiers bruts souvent exploités pour du big data, mais la granularité des statuts et de l’architecture du capital peut parfois être sommaire.

Accessibilité et transparence

En termes d’accessibilité, Companies House et la BCE/KBO se démarquent par leur politique de données ouvertes, offrant la quasi-totalité des informations de base sans coût et via API. L’Italie et les Pays-Bas proposent également des portails API robustes, tandis que la France reste en retrait, avec une interface infogreffe nécessitant souvent un paiement modéré pour chaque consultation. L’Allemagne et l’Espagne privilégient un modèle mixte : gratuité pour le résumé des données, paiement pour les documents complets. Les interfaces web varient de l’extrêmement épurée (UK) à des portails plus austères et techniques (DE, ES).

Coûts et formalités

La tarification des immatriculations diffère peu en Europe, souvent plafonnée autour de 50 à 100 euros pour le dépôt initial, mais les frais de consultation peuvent multiplier ce montant pour l’obtention de documents officiels. Aux États-Unis, le Delaware facture la formation d’une société en quelques heures pour moins de 90 dollars, mais chaque certificat supplémentaire ou extraction d’acte peut générer des coûts additionnels. Le modèle britannique est particulièrement attractif pour l’accès aux comptes annuels (gratuit), tandis que l’Italie facture en fonction du volume de pages déposées. La France reste dans la moyenne, avec un coût d’immatriculation de 60 euros et des frais de consultation à partir de 3 euros par document.

Délais et mises à jour

La rapidité de publication est devenue un enjeu concurrentiel. Companies House affiche des délais inférieurs à 24 heures pour les dépôts électroniques, le Delaware peut enregistrer une société en quelques heures contre un à deux jours pour l’envoi postal. Le RNE, avec ses greffes localisés, met en moyenne de deux à quatre semaines pour intégrer et publier un acte, ce qui peut constituer un frein pour des opérations à forte temporalité, comme des financements structurés ou des acquisitions rapides. L’Allemagne assure une publication en dix à quinze jours, l’Italie en moins de dix jours, tandis que la Belgique et les Pays-Bas maintiennent un rythme de 48 heures pour toute mise à jour.

Digitalisation et services complémentaires

Le niveau de digitalisation constitue un différenciateur majeur : e-filing complet, signature électronique et notifications automatiques sont standard à Companies House, au Registro delle Imprese et à la Kamer van Koophandel. Le service français Infogreffe a rattrapé son retard avec la mise en place de téléformulaires et la dématérialisation des actes au 1er janvier 2022, mais reste encore perfectible sur l’ergonomie et l’intégration API. Les services complémentaires, tels que les alertes email, les tableaux de bord personnalisés et la génération automatique de certificats conformes, sont particulièrement développés aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et dans certaines juridictions américaines.

Sécurité juridique et responsabilité

La fiabilité des données repose sur le contrôle exercé par les greffiers ou les autorités compétentes. En France, la responsabilité du greffe est limitée par une clause de non-responsabilité, obligatoirement affichée sur Infogreffe. Au Royaume-Uni, le « Registrar of Companies » garantit la disponibilité mais dégage sa responsabilité en cas d’erreur issue des déposants. L’Allemagne et l’Italie imposent quant à elles des sanctions civiles pour les fausses déclarations, renforçant la diligence des rédacteurs d’actes. Aux États-Unis, l’absence de contrôle a posteriori sur certains dépôts peut exiger des clauses d’indemnisation supplémentaires dans les contrats commerciaux.

Interopérabilité et coopération européenne

Au niveau européen, le Business Registers Interconnection System (BRIS) permet le partage des données de base entre registres, mais seul un nombre limité de champs est harmonisé. La directive 2019/1151 relative à la dématérialisation des formalités d’entreprise encourage l’usage d’e-ID et de formats XBRL pour les comptes. La France planche actuellement sur l’extension de son portail unique afin de se conformer à ces exigences, tandis que l’Allemagne et l’Italie participent activement aux groupes de travail européens sur la standardisation des schémas de données.

Usages pratiques métier

Les registres d’entreprise constituent la pierre angulaire de nombreuses activités professionnelles : due diligence lors de fusions-acquisitions, scoring auprès des établissements de crédit, veille concurrentielle et recherche de partenaires. Les solutions d’intelligence économique intègrent massivement ces flux pour alimenter des algorithmes de notation ou de géomarketing. Par exemple, un banquier peut extraire automatiquement le ratio d’endettement et la stabilité des dirigeants à partir de Companies House, tandis qu’un avocat français consolide les bilans simplifiés du RNE avec les actes publiés au BODACC pour évaluer le risque juridique d’une cible.

Synthèse des forces, faiblesses et recommandations

Forces distinctives du RNE

Le RNE se distingue avant tout par son exhaustivité territoriale, garantissant qu’aucune entité assujettie ne soit omise. L’interconnexion avec Sirene et BODACC permet une traçabilité fine des actes juridiques. La fiabilité des données est soutenue par un cadre légal robuste et des sanctions explicites en cas de non-conformité. Enfin, le RNE est reconnu par les autorités françaises et européennes comme référence légale pour toute démarche administrative et notariale.

Atouts caractéristiques des registres étrangers

Les registres internationaux offrent des avantages complémentaires : Companies House se distingue par la gratuité d’accès et la rapidité de publication, le Registro delle Imprese par une API riche et documentée, la BCE/KBO par son engagement open data, et le Delaware par sa flexibilité juridique et la granularité des déclarations financières. Ces atouts ont contribué à l’émergence de modèles de référence pour la digitalisation et l’ouverture des données d’entreprise.

Axes d’amélioration communs

Plusieurs pistes d’amélioration transversales peuvent être envisagées : renforcer l’ergonomie des portails, développer des API ouvertes pour la diffusion automatisée, raccourcir les délais de publication en optimisant les flux entre services, et harmoniser les schémas de données au niveau européen. L’adoption généralisée du XBRL pour les comptes annuels et la mise en place d’e-ID pour l’authentification des déposants figurent parmi les priorités identifiées par les registres les plus avancés.

Recommandations opérationnelles pour les entreprises françaises

Internationalisation

Pour étendre efficacement sa présence à l’étranger, une société française doit anticiper les spécificités locales d’enregistrement : seuils de dépôt, langues officielles, exigences de traduction certifiée, modes de paiement des droits. Il est conseillé de recourir à un prestataire local pour la première immatriculation, puis de mettre en place un processus interne standardisé, associant une veille réglementaire via alertes automatisées sur les portails cibles et des procédures de reporting régulièrement mises à jour.

Optimisation du financement et notation de crédit

Les données extraites des registres permettent d’alimenter les modèles de scoring bancaire et d’optimiser les négociations de lignes de crédit. En préparant un dossier de financement, l’entreprise peut produire des états financiers certifiés, enrichis de rapports d’audit et de graphiques comparatifs sectoriels issus de Companies House ou de la BCE/KBO, renforçant ainsi la confiance des prêteurs. L’utilisation d’API pour actualiser en temps réel les indicateurs clés (chiffre d’affaires, dettes, endettement) réduit les marges d’erreur et accélère les décisions de financement.

Gouvernance et conformité transfrontalière

La montée en puissance des exigences européennes sur la transparence des bénéficiaires effectifs et la lutte contre le blanchiment d’argent impose une gouvernance renforcée. Les directions conformité doivent synchroniser les enregistrements RNE et ceux des registres étrangers, mettre en place des contrôles croisées pour vérifier la cohérence des déclarations et documenter systématiquement toute divergence. Des procédures d’alerte internes, couplées à des revues annuelles, contribuent à réduire les risques de sanctions et à sécuriser les opérations internationales.

Stratégie de due diligence et M&A

Lors d’opérations de fusion-acquisition, la checklist doit intégrer une analyse comparative des registres : vérification des statuts, des bilans, de l’historique des actions, des casiers judiciaires des dirigeants. L’usage de plateformes d’agrégation permet de lancer des requêtes massives et de générer des rapports combinant les données du RNE, de Companies House et du Delaware Division of Corporations. Cette démarche multiplie les angles d’attaque pour déceler des risques cachés et sécuriser la valeur d’acquisition.

Outils et prestataires

Différents éditeurs proposent désormais des modules spécialisés pour automatiser l’extraction et la consolidation des informations provenant de multiples registres : certains se concentrent sur le secteur bancaire (scoring interne), d’autres sur l’intelligence économique (veilles quotidiennes). Les cabinets d’avocats et de conseils fiscaux s’appuient également sur des API tierces pour optimiser la gestion documentaire. Il est recommandé d’évaluer les solutions selon leur couverture géographique, leur fréquence de mise à jour, leur mode de tarification (par requête, par abonnement) et leur capacité à intégrer des flux XBRL ou JSON.

Perspectives d’évolution des registres d’entreprises

Évolutions anticipées en France

La transformation numérique du RNE se poursuivra via le déploiement complet du guichet unique, rassemblant toutes les formalités (sociales, fiscales, IP) en une seule plateforme. L’introduction d’une signature électronique nationale authentifiée et la diffusion en temps réel des comptes annuels en XBRL figurent parmi les priorités du ministère de l’Économie. Parallèlement, la simplification des délais et la rationalisation des flux inter-services devraient réduire de moitié les temps de publication à horizon 2025.

Standardisation européenne et directives à venir

La directive européenne sur l’accès aux données d’entreprise et le renforcement du BRIS visent à harmoniser les schémas de données et à faciliter l’interconnexion des registres. L’adoption d’identifiants européens uniques pour les entités (European Unique Identifier) et l’extension de l’usage du XBRL pour tous les comptes annuels sont attendues d’ici 2026. Ces mesures permettront d’accélérer la constitution de bases de données paneuropéennes, renforçant la transparence et l’efficience des marchés.

Impact des enjeux ESG et Green Deal

La montée en puissance des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) devrait impacter directement les registres d’entreprise. À terme, un volet dédié aux informations non financières (émissions de CO₂, politique RSE, diversité des instances dirigeantes) pourrait être intégré aux obligations de dépôt, offrant aux investisseurs et aux autorités un nouvel appareil d’évaluation. Cette évolution s’inscrit dans la lignée du Green Deal européen et de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive).

Scénarios d’un réseau global interconnecté

Au-delà de l’Europe, l’émergence de passerelles internationales entre registres pourrait voir le jour, facilitant le repérage de filiations transnationales et l’analyse de chaînes de valeur complexes. Des projets pilotes entre l’Union européenne, les États-Unis et la Suisse explorent déjà l’échange sécurisé de données d’entreprise, avec des protocoles blockchain pour garantir l’immutabilité des enregistrements. Un tel écosystème interconnecté offrirait une vision à 360° des groupes et de leurs activités, ouvrant la voie à une régulation renforcée et à une intelligence économique globale.

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