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Le Registre National des Entreprises (RNE) se révèle aujourd’hui comme un outil incontournable pour renforcer la transparence et la fiabilité des données extra-financières. Initialement conçu pour l’identification et la centralisation administrative des sociétés, il évolue désormais vers l’intégration de rubriques dédiées aux engagements environnementaux. Dans un contexte où les investisseurs, les clients et les régulateurs exigent une meilleure visibilité des performances vertes des entreprises, le RNE devient le point de convergence des informations relatives à la réduction des émissions, à la gestion des déchets, à l’exploitation des énergies renouvelables ou encore aux initiatives de préservation de la biodiversité. Cette mutation s’inscrit dans une dynamique réglementaire toujours plus exigeante et dans une attente croissante des parties prenantes, confidentielle aux enjeux de responsabilité sociétale et de durabilité. L’article qui suit explore le cadre légal, les fonctionnalités du RNE, les méthodes de collecte et de vérification des données, ainsi que les perspectives d’évolution, avec pour objectif de fournir un guide opérationnel complet pour tous les directeurs financiers, CSR managers, juristes d’entreprise et dirigeants soucieux d’ancrer leurs démarches vertes dans un dispositif robuste et fiable.
Le RNE trouve son origine dans la nécessité d’assurer l’identification unique de chaque entité juridique en France. Géré par l’INPI et mis en place il y a plusieurs décennies, son objectif premier était de simplifier les démarches administratives et de garantir une traçabilité des informations légales liées à la création, à la modification ou à la cessation d’activité des entreprises. Toutefois, face à l’essor du reporting extra-financier et aux exigences accrues des investisseurs ESG, le législateur a étendu la vocation du RNE à la collecte de données environnementales et sociales. Cela se traduit par l’ajout de rubriques dédiées aux « engagements verts » qui complètent les données classiques relatives à l’adresse, à la forme juridique ou au capital social.
Conjuguée à cet élargissement législatif, la montée en puissance de la traçabilité environnementale répond à deux dynamiques parallèles. D’une part, les pressions réglementaires s’intensifient : lois nationales comme la loi PACTE, dispositions européennes issues de la CSRD ou de la Taxonomie EU, directives sur le reporting non financier (NFRD), et standards à venir. D’autre part, le marché financier, à travers les investisseurs responsables et les fonds dits « verts », exige des indicateurs fiables pour évaluer les risques climatiques et la contribution des entreprises aux objectifs de développement durable. Les ONG, les associations de consommateurs et les autorités de contrôle complètent ces attentes en réclamant une plus grande transparence et un accès facilité aux engagements déclarés.
L’enjeu de cet article est double : d’abord, décrire en détail comment le RNE se structure pour devenir une plateforme de suivi des engagements verts, depuis les obligations légales jusqu’aux fonctionnalités numériques et aux processus de vérification. Ensuite, proposer une méthodologie opérationnelle pour intégrer, collecter, valider et contrôler les données environnementales, afin d’assurer leur fiabilité, d’optimiser la gouvernance interne et de répondre aux exigences des parties prenantes. Les dirigeants, DAF, CSR managers et juristes trouveront ici un cadre pragmatique et exhaustif pour faire du RNE un levier de performance et de crédibilité en matière de durabilité.
La loi PACTE a marqué une étape majeure en incitant les entreprises à inclure dans leurs statuts une « raison d’être » et à rendre compte de leurs impacts sociaux et environnementaux. Cette orientation s’est traduite dans le Code de commerce, qui impose aux sociétés dépassant certains seuils de publier un rapport extra-financier détaillant leurs engagements verts. Le RNE, par le biais de décrets et d’arrêtés, intègre désormais des rubriques spécifiques où doivent être déclarés les objectifs de réduction des émissions, les politiques de gestion des déchets ou encore les indicateurs de consommation énergétiques. Les textes définissent avec précision la périodicité et la nature des informations à renseigner, allant de la description qualitative des engagements à la présentation de données chiffrées validées.
Les décrets d’application précisent également les modalités de sanction en cas de non-déclaration ou de déclaration incomplète, avec des amendes pouvant atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros et la possibilité de voir la régularité de l’immatriculation remise en cause. Cette articulation entre reporting extra-financier et RNE renforce la légitimité de ce registre comme référentiel unique pour le suivi des engagements verts, tout en offrant un cadre structuré pour les entreprises qui souhaitent se conformer efficacement aux obligations légales.
Au niveau de l’Union européenne, la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) est appelée à remplacer la Non-Financial Reporting Directive (NFRD) et à imposer un périmètre plus large d’entités assujetties. Elle fixe des exigences renforcées en termes de contenu, de cohérence et de comparabilité des informations, en s’appuyant sur des standards européens (European Sustainability Reporting Standards) conçus par l’EFRAG. La Taxonomie EU, quant à elle, définit des critères d’éligibilité des activités économiques « durables » selon six objectifs environnementaux, afin d’orienter les investissements vers des projets verts. Les entreprises doivent ainsi prouver, via le RNE, que leurs activités contribuent réellement à la transition écologique, en fournissant des indicateurs vérifiables et alignés sur ces normes.
Ces directives européennes encouragent également l’harmonisation mondiale des standards, en convergence avec les référentiels GRI ou SASB. À terme, le RNE pourrait servir de point de collecte central pour alimenter les rapports consolidés destinés aux différentes parties prenantes, en simplifiant la transmission des données aux plateformes de régulation et aux investisseurs internationaux.
L’article 173-VI de la loi Énergie-Climat impose aux acteurs financiers et aux entreprises de plus de 500 salariés de publier leur bilan d’émissions de gaz à effet de serre (GES), détaillant leurs scopes 1, 2 et, parfois 3. Ces informations sont désormais déclarées dans les rubriques dédiées du RNE, avec un niveau de granularité allant jusqu’à tCO2e par ligne d’activité. Les normes ISO 14001 et EMAS, ainsi que les principes de gouvernement d’entreprise responsable, complètent ce dispositif en fixant des exigences de management environnemental et de transparence. Un audit périodique permet de vérifier la conformité des méthodes de calcul, des périmètres pris en compte et de la qualité des preuves documentaires fournies.
En associant ces différentes obligations, le RNE se transforme en un référentiel unique où convergent les données réglementaires, les certifications et les résultats d’audits tiers. Les entreprises gagnent ainsi en cohérence et en lisibilité, tandis que les autorités et les investisseurs peuvent accéder à un tableau de bord exhaustif des performances environnementales.
Le RNE propose aujourd’hui un module « Engagements environnementaux » accessible via un portail sécurisé. Ce module comprend plusieurs rubriques : réduction des émissions de GES, gestion des déchets et recyclage, recours aux énergies renouvelables, politique matières premières responsables, actions de préservation de la biodiversité. Chaque rubrique offre un formulaire standardisé pour saisir les informations qualitatives (descriptions des initiatives, objectifs de réduction) et les données quantitatives (valeurs historiques et cibles chiffrées). Un tableau de bord interactif présente l’historique des mises à jour et génère automatiquement des graphiques comparant les performances aux objectifs fixés.
La plateforme intègre également un système d’alerte configuré selon des seuils prédéfinis : par exemple, si le taux de recyclage descend en deçà de 50 % ou si les émissions annuelles dépassent le plan de réduction, une notification est envoyée au responsables RSE et au comité de direction, garantissant une réactivité immédiate et la mise en place rapide de plans correctifs.
La déclaration des engagements verts se fait entièrement en ligne, via l’espace entreprise du RNE. L’entreprise doit fournir périodiquement, généralement chaque année ou semestre selon la taille et le secteur, un dossier composé de pièces justificatives : rapports d’audit externe, certificats de conformité ISO ou EMAS, attestations des fournisseurs d’énergie verte, etc. La plateforme accepte des formats variés (PDF signés électroniquement, rapports XBRL pour la compatibilité financière, fichiers CSV pour les séries chronologiques) et garantit la traçabilité des versions grâce à un horodatage blockchain.
Un dispositif de « pré-validation » interne permet à l’équipe RSE de vérifier la complétude du dossier avant soumission, tandis que l’INPI ou un organisme désigné effectue un contrôle formel sous 30 jours. En cas d’anomalie, une demande de complément est générée via le portail, avec un suivi détaillé pour s’assurer de la conformité avant publication au RNE.
Pour limiter les ressaisies et réduire le risque d’erreur, le RNE propose une interface API REST qui permet d’automatiser l’envoi des données depuis les systèmes ERP, les plateformes ESG (type EcoVadis, CDP) ou les outils de comptabilité environnementale. Les échanges s’appuient sur des standards EDI sécurisés, assurant une intégration fluide et des mises à jour en temps réel. La solution offre également un connecteur blockchain garantissant l’immutabilité de chaque déclaration, avec un horodatage infalsifiable et une preuve de non-modification disponible pour tout audit futur.
Cette digitalisation et cette interopérabilité renforcent la crédibilité du dispositif, tout en améliorant la réactivité des entreprises face aux évolutions réglementaires et aux demandes spécifiques des investisseurs ou des autorités de contrôle.
Les engagements verts se déclinent en plusieurs catégories clés : réduction des émissions de gaz à effet de serre (scope 1, 2 et 3), maîtrise de la consommation d’énergie non renouvelable, optimisation de la gestion des déchets et augmentation des taux de recyclage, passage à 100 % d’énergie d’origine renouvelable, déploiement de pratiques d’économie circulaire (réutilisation, réparation, réemploi), préservation des écosystèmes locaux et approvisionnement en matières premières durables. Chaque engagement doit être clairement défini, avec un calendrier précis, des indicateurs mesurables et un plan d’action associé.
Pour chaque catégorie, l’entreprise s’appuie sur des référentiels existants : par exemple, le GHG Protocol pour les émissions, la norme ISO 50001 pour le management de l’énergie, la directive européenne sur les déchets pour le recyclage, ou encore les critères de l’IUCN pour la biodiversité. Ces standards garantissent que les engagements sont robustes, comparables et alignés avec les attentes internationales.
La collecte des informations s’articule autour de deux sources principales : les données internes, issues des systèmes ERP, des logiciels de comptabilité environnementale, des relevés automatiques de compteur, et les données externes, validées par des audits tiers, des certificats de labels reconnus (ISO 14001, B Corp, EcoVadis) ou des attestations d’organismes publics. Un processus de reconciliation croisée permet de vérifier la cohérence entre les valeurs internes et les preuves externes, avec l’appui d’un référentiel documentaire centralisé accessible aux auditeurs.
La solution RNE intègre un module de gestion documentaire, qui associe chaque indicateur à son justificatif, crée des liens dynamiques entre les tables de données et les documents PDF horodatés, et édite automatiquement des rapports de synthèse prêts à être transmis aux parties prenantes ou aux autorités de contrôle. Cette fluidité réduit significativement le temps consacré à la préparation des audits et garantit une traçabilité complète de chaque décision et chaque valeur déclarée.
Pour piloter efficacement les engagements verts, il convient de définir un jeu d’indicateurs clés (KPI) pertinents, mesurables et comparables. Parmi ceux-ci :
Ces KPI sont mis à jour selon des fréquences adaptées (mensuelle pour les consommations énergétiques, semestrielle pour les bilans GES, annuelle pour les certificats) et intégrés à un tableau de bord interactif du RNE. Des seuils d’alerte automatique déclenchent des notifications en cas de dérive, permettant d’initier rapidement des actions correctives ou de réviser les objectifs.
La fiabilité des données environnementales repose sur l’intervention d’organismes tiers spécialisés. Les commissaires aux comptes RSE, agréés pour ce type de missions, vérifient la méthodologie de calcul des émissions, l’adéquation des périmètres, la conformité des procédures internes et la cohérence des résultats. Les certifications ISO 14001 ou EMAS complètent ce dispositif en auditant le système de management environnemental, tandis que des prestataires indépendants peuvent réaliser des vérifications ad hoc sur des indicateurs spécifiques.
À l’issue de ces contrôles, un « rapport d’opinion » est déposé dans le module RNE, accompagné d’un plan d’action correctif lorsque des anomalies sont détectées. Cette transparence renforce la confiance des investisseurs et des parties prenantes, tout en incitant l’entreprise à améliorer continuellement ses processus.
La déclaration inexacte ou trompeuse d’engagements verts expose l’entreprise à des sanctions civiles et pénales. Les clients, investisseurs ou associations peuvent saisir le tribunal de commerce ou déposer une plainte pour greenwashing, entraînant des amendes, des dommages et intérêts, voire une mise en cause de la responsabilité personnelle des dirigeants. Le RNE joue ici un rôle dissuasif, car la publication des données sur un portail public rend immédiatement visible toute discordance entre les objectifs affichés et les résultats obtenus.
Les entreprises doivent donc mettre en place une gouvernance rigoureuse de leurs déclarations, avec une documentation complète et un suivi des vérifications, afin de se prémunir contre les risques de contentieux et de préserver leur réputation.
Pour garantir la qualité des données, il est essentiel d’établir une ségrégation claire des tâches entre les équipes de collecte (opérationnelles), celles de validation (RSE, compliance) et celles du contrôle (audit interne). Chaque processus doit être formalisé par une procédure, décrivant les rôles, les responsabilités, les étapes et les critères de revue. La centralisation des documents justificatifs, l’utilisation de workflow digitalisés et le versioning des rapports offrent une traçabilité totale des décisions et facilitent les audits externes.
La diffusion des résultats auprès du comité ESG, du conseil d’administration et des parties prenantes internes permet de créer un cercle vertueux d’amélioration continue. En impliquant les métiers (achats, production, finance) dès la définition des objectifs, l’entreprise assure une intégration harmonieuse des enjeux environnementaux dans ses processus quotidiens et renforce la mobilisation des équipes autour de la stratégie verte.
Une PME spécialisée dans la transformation métallurgique a déployé une démarche agile pour intégrer le suivi de ses émissions GES au RNE en moins de six mois. Elle a structuré une équipe projet mêlant directeur financier, responsable QSE et DSI, défini un périmètre d’activité prioritaire (atelier de production principal) et mis en place un relevé automatique des consommations via capteurs IoT. Les données ont été intégrées au RNE par API, puis validées par un audit externe. Le résultat : une amélioration de 12 % de l’efficacité énergétique en un an et une valorisation accrue auprès de ses donneurs d’ordre, qui ont reconnu la qualité et la transparence des informations déclarées.
Une entreprise du CAC 40 a pour sa part connecté son ERP SAP, sa plateforme de data-visualisation et le RNE pour automatiser le reporting ESG. Un comité de pilotage transversal, composé de la DAF, du Directeur Achats et du Directeur Développement Durable, se réunit trimestriellement pour valider les KPI et ajuster la trajectoire. Grâce à cette organisation, l’intégration des données scopes 1, 2 et 3 est consolidée en quelques jours, ce qui a permis de soumettre un rapport extra-financier en avance de trois semaines et de fiabiliser l’accès aux financements verts (green bonds) pour un montant de 400 millions d’euros.
Plusieurs plateformes SaaS spécialisées en reporting ESG proposent des connecteurs natifs avec le RNE, offrant des dashboards dynamiques, des modules d’alerte et des fonctionnalités de benchmarking sectoriel. Les cabinets d’audit RSE, quant à eux, ont développé des offres packagées pour accompagner les entreprises dans l’ensemble du cycle : diagnostic, implémentation du process, accompagnement à la déclaration, audit externe et mise en place du plan d’amélioration continue. L’association de ces expertises technologiques et méthodologiques permet de démultiplier la valeur du RNE et d’optimiser les ressources internes.
À court terme, la CSRD étendra le périmètre des entreprises assujetties, incluant toutes les ETI de plus de 250 salariés d’ici 2026, ce qui augmentera significativement la volumétrie des déclarations au RNE. Parallèlement, la convergence des standards EFRAG, GRI et SASB devrait se renforcer, exigeant des entreprises une harmonisation de leurs métriques et une plus grande granularité des informations. Il sera donc crucial de maintenir une veille normative permanente et de faire évoluer les outils internes pour garantir la disponibilité et la qualité des données exigées.
Sur le plan technologique, l’usage de la blockchain va se généraliser pour assurer la traçabilité immuable des engagements, tandis que l’intelligence artificielle et le Big Data permettront de modéliser les risques environnementaux et de prédire les trajectoires de performance. Les entreprises les plus innovantes s’orienteront vers des jumeaux numériques de leur chaîne de valeur, intégrant en temps réel les flux de matières, d’énergie et d’émissions, pour optimiser en continu leur empreinte écologique.
Enfin, l’excellence environnementale deviendra un levier de compétitivité distinctif : un bon score RNE, validé par un audit robuste, facilitera l’accès aux financements verts, réduira le coût du capital et renforcera l’attractivité auprès des talents soucieux d’œuvrer pour des organisations responsables. La collaboration entre pairs, au travers de clusters sectoriels ou de partenariats public-privé, favorisera le partage de bonnes pratiques et l’émergence de standards collaboratifs, accélérant la montée en compétences internes et collectives.
Pour tirer pleinement parti de ces évolutions, les entreprises doivent d’ores et déjà élaborer une feuille de route structurée : réaliser un diagnostic de maturité RSE et IT, définir un référentiel de KPI aligné sur la Taxonomie EU, choisir des solutions interopérables avec le RNE, sécuriser la gouvernance des données et formaliser un programme d’audit périodique. Cette démarche proactive garantira non seulement le respect des obligations réglementaires, mais aussi une visibilité renforcée auprès des investisseurs, des clients et des autorités, consolidant la réputation et la performance durable de l’organisation.